Les notes à l'école

La mise en question des notes dans l'enseignement revient périodiquement. Il ne faut pas supprimer les notes à l'école primaire, ce qui n'aurait aucun sens, mais il faut les utiliser de manière différente.

De même que pour obtenir un résultat satisfaisant dans une activité artisanale, il faut suivre le "processus de fabrication" avec des mesures physiques et des indicateurs chiffrés, de même, à l'école primaire, il faut suivre le "processus d'apprentissage" avec des tests et des indicateurs chiffrés.

Une note à l'école peut être considérée de deux manières: ou bien comme un résultat (bon ou mauvais), ou bien comme un indicateur lié à un processus. C'est la seconde manière, pas la première, qui fait progresser l'élève sans le décourager. L'élève ne doit pas travailler seulement pour avoir de bonnes notes, chacun en conviendra, mais quand on n'utilise pas de notes, on progresse dans l'obscurité. Encore faut-il que les professeurs et les parents d'élèves comprennent qu'il ne faut pas donner une récompense à l'enfant quand il a une bonne note de la même façon qu'on donne un biscuit à un chien quand il a fait ce qu'on lui demande. Un enfant est très capable de faire la différence entre travailler pour apprendre et travailler pour avoir une bonne note.

La théorie des variations est indispensable pour comprendre l'utilisation d'une note comme indicateur. Tant que l'apprentissage d'une matière n'est pas terminé, le processus est instable. Il faut alors encourager l'élève à poursuivre ses efforts. Quand l'apprentissage est terminé, le processus est stable (c'est ce que montre la suite des notes sur un graphique). Tout effort de l'élève devient alors inutile, à moins de changer de méthode ou de professeur. La connaissance de cette théorie permettrait d'éviter un énorme gaspillage dans l'enseignement primaire.

Voir le livre "La qualité à l'école" de Bailly et al. (Economica 1998)