Le classement de Shanghai

Les journaux ont publié les résultats d'une enquête sur la valeur des universités dans le monde. C'est le travail d'un groupe d'experts autoproclamés "Comité de Shanghai". On nous a fait remarquer que les universités françaises sont parmi les plus mal classées.

Cette action médiatique est stupide. Si Deming vivait encore, qu'est-ce qu'il rigolerait ! Les économistes ont la manie de tout noter et de tout classer. Certains appellent ça le "benchmarking". Or les notes des experts sont établies à partir de certains critères. Qui donc choisit les critères ? Les critères du Comité de Shanghai sont qualitatifs. Par exemple le nombre d'étudiants et le nombre de diplômes. Tu parles ! La valeur d'une université tient davantage à l'impact de ses anciens diplômés sur l'économie de leur pays, dix ou vingt ans après leur sortie, qu'au nombre d'étudiants. Mais cela, on ne peut pas le mesurer. Deming l'a très bien dit dans "Hors de la crise". Comparer l'Ecole Normale supérieure de la Rue d'Ulm (qui n'a que quelques dizaines d'étudiants par an, mais plusieurs Prix Nobel) avec la Harvard Business School, c'est comparer un Saint-Emilion avec du Coca-cola. Quant aux milliers de cadres français diplômés de l'enseignement supérieur, leur impact sur l'économie du pays est certainement aussi important que celui de leurs homologues américains, chinois ou japonais.

Je ne veux pas dire qu'il ne faut pas chercher à améliorer l'enseignement en France. Mais il faut le faire en voyant le pays "comme un système", et sans vouloir reproduire ce qui se fait dans d'autres pays.