Dans une conversation privée, Pierre Bourdieu parle comme aurait parlé Deming. Extraits.
Les dominants (les riches) ne commencent à s'inquièter de ce qui fait souffrir les dominés (les pauvres) que lorsque cela les fait aussi souffrir. Par exemple ils se sont inquiétés de la santé publique au XIXe lorsqu'ils ont compris que les grandes épidémies de peste touchaient les riches autant que les pauvres. Ils se sont inquiétés des dangers du nucléaire lorsqu'ils ont compris que le nuage de Tchernobyl ne s'arrêtait pas à la limite des beaux quartiers.
Je dis aux dominants: "vous pouvez vous enrichir au mépris de la misère et de la violence chez les pauvres, mais c'est bête, parce que vous payez le prix de cette violence, par exemple en vous enfermant dans des bunkers avec des vigiles tout autour".
Ce que les dominants ne voient pas, ce sont les coûts et les gains de la prévention de la misère et de la violence, parce qu'ils sont invisibles dans la comptabilité financière. S'ils parvenaient à les chiffrer, ils verraient qu'avec la politique actuelle ils sont perdants.
Je ne donne pas ici de leçons de morale.
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