Titre: Les notations Posté par: l'ancien le 06 Août 2011 à 15:38:43 La note dégradée donnée aux USA le 06/08/2011 par l'agence de notation Standard & Poors a semé la panique dans la finance. Ce qui est intéressant dans l'histoire, c'est que les agences de notation sont payées par ceux qui sont notés. Ce sont en quelque sorte des juges auto-proclamés qui vendent des bonnes notes. On pourrait penser qu'une banque ou un Etat qui risque d'avoir une mauvaise note ne payera pas, mais dans l'esprit des investisseurs éventuels une absence de note équivaudrait à une mauvaise note. Alors tout le monde paye. Quel jeu stupide !
L'économiste américain Paul Krugman trouvait que le système était excellent tant que les USA avaient la note maximum, c'est-à-dire pendant plus de 40 ans. Mais dès que S&P a dégradé la note, il a écrit le lendemain matin dans le New York Times que « S&P n'est pas en condition de noter les USA ». Ce qui fait le succès des agences de notation, c'est le fait que les investisseurs (qui sont le plus souvent des spéculateurs bornés) réclament des notes. Tout le monde est intoxiqué par l'obsession du management par les chiffres. Deming disait (je cite de mémoire) « les chiffres c'est commode, cela évite de réfléchir ». Un bon sujet de réflexion pour les Business Schools, vous ne trouvez pas ? Titre: Re : Les notations Posté par: chanel le 20 Août 2011 à 19:30:32 Oui, c'est un vrai sujet de réflexion pour les Business Schools.
Piloter une entreprise en réagissant mécaniquement aux variations (non comprises) des chiffres des tableaux de bord (dont les données sont souvent faussées), ce n'est pas du pilotage mais une hérésie souvent mortelle (pour l'entreprise). Piloter la macro-économie, celle des nations en réagissant mécaniquement aux variations (non comprises) de quelques chiffres au sourcing abscons, ce n'est pas du pilotage mais une faute coupable aux conséquences souvent désastreuses pour les entreprises et les citoyens des nations impactées... Mais y a-t-il beaucoup d'enseignants prêts à favoriser une réflexion critique de leurs étudiants sur ce thème? La contribution de l'AFED (ou de quelques afédiens) pourrait être de construire une étude de cas (à déposer à la Centrale des Cas et Médias Pédagogiques?). Avis aux amateurs. Telle est ma suggestion alors que, pour ma part et à mon regret, je ne suis pas disponible avant plusieurs mois pour me consacrer à cet exercice avec l'un ou l'autre afédien. Titre: Re : Les notations Posté par: l'ancien le 22 Août 2011 à 10:55:59 Je suis désolé par ton indisponibilité. Mais construire une étude de cas, c'est comme pisser dans un violon. Tant qu'un professeur réputé (HEC, Science-Po ou autre) ne prendra pas cette question en charge, il ne se passera rien. Or les professeurs réputés ont la trouille. Celui qui crache dans la soupe est banni des médias. Finis les plateaux télé ! Pardon d'être aussi vulgaire, mais trop c'est trop !
Autre chose. Ton livre est annoncé dans les "dernières nouvelles" de l'AFED. On y annonce aussi un article très important sur le "mérite" paru dans "Pouvoirs locaux - les cahiers de la décentralisation". C'est une revue trimestrielle diffusée à des milliers d'exemplaires dans les administrations territoriales. Une copie est disponible dans notre "sélection d'articles". Amicalement Titre: Re : Les notations Posté par: l'ancien le 23 Septembre 2011 à 09:29:27 J'ajoute que les agences de notation fabriquent des notes de façon totalement opaque, les considérations économiques se mélangeant avec les considérations politiques. Le désordre s'accélère de jour en jour dans la finance mondiale. Les agences de notation en sont largement responsables, ainsi que les salles de marchés qui font varier les cours de façon erratique.
Il est difficile de lutter contre cette vague qui nous submerge. Les dirigeants européens y verraient plus clair s'ils connaissaient la Théorie des Variations, s'ils savaient faire la différence entre les causes spéciales et les causes communes de variations. |