Copiée-collée de certains établissements scolaires brittaniques, l'institution d'une rémunération des élèves pour être présents en classe va être testée dans la banlieue parisienne (94). Cette rémunération, si j'ai bien compris, alimente dans chaque classe une cagnote. Celle-ci est dépensée plus tard sous forme d'un voyage scolaire ou de toute autre activité pour toute la classe.
Ce dispositif aurait permis de diminuer l'absentéisme dans les établissements scolaires qui le mettent oeuvre. Je me permets d'en douter.
En effet ce dispositif serait complété par un autre dispositif. Chaque fois qu'un enfant est absent de l'école, un certain dialogue s'instaure entre l'école et la famille de l'enfant rebelle. Celle-ci est visitée et sommée (devant un agent de la force publique) de fournir des explications sur l'absence. Un rappel de la loi lui est fait. Va-t-on jusqu'à la menacer d'une suppression d'allocations familiales? N'est-ce pas plutôt ce second dispositif qui a un impact sur l'absentéisme?
Il y a donc deux dispositifs. Le premier est pour la communication. Il est pour améliorer le maigre ordinaire des coopératives scolaires.
Bien que sans impact sur l'absentéisme, à mon avis, cette incitation financière devrait avoir une autre incidence, plus insidieuse et perverse. Elle développe chez les enfants un esprit vénal. Elle tend à subordonner à une récompense pécuniaire toute activité, y compris celles qui relèvent du civisme le plus élémentaire. En d'autres termes, il s'agit de conditionner l'enfant en le soumettant dès son jeune âge à des motivations extrinsinques, plutôt que de miser sur sa capacité à mobiliser ses motivations intrinsèques.
Quand l'enfant devenu jeune adulte entrera dans le monde du travail, quel salarié sera-t-il? Quelle objectivité pourra-t-il développer s'il est aveuglé par les récompenses?

C'est la logique du FRIC. Une prime pour être présent, puis une autre pour écouter, puis...