C'est en 1983 que Deming a publié Hors de la Crise (édité par le MIT, excusez du peu). Pour la première fois, les Américains découvraient comment la notion de système peut s'appliquer à l'économie. Les Japonais le savaient depuis 1950.

Maintenant, nos grands économistes se gargarisent tous de "systémique". Le mot fait sérieux. Mais on voit bien qu'ils ne savent pas raisonner en termes de système.

c'est vrai qu'en ce moment, le système financier a des "hics"  ;)

la question que je me pose est de savoir si la crise actuelle sera suffisamment grave, pour que ce système soit modifié en profondeur. Par exemple, pour servir à son but véritable : financer le développement des entreprises, au lieu de spéculer et "bâtir sur du sable". Oui, je sais, je suis naïf...

On pourrait imaginer par exemple une prime à la fidélité des actionnaires : les actions achetées depuis moins de 1 an ne donneraient droit à aucun dividende, et plus on garde ses actions, plus on touche une proportion importante des dividendes distribués (par exemple 100% à partir de 5 ans) - les dividendes non distribués étant reversés dans une cagnotte ou réinvestis dans l'entreprise. Exemple : une action donne droit à 20 € de dividendes, si je l'ai achetée depuis 2 ans, je touche seulement 40% des 20 €, soit 8 €.

Pourquoi pas.
Mais la question n'est-elle pas: le soi-disant "système financier" est-il aujourd'hui un système?
« Un système est un réseau d’éléments interdépendants qui agissent ensemble pour chercher à atteindre le but qui est propre au système.
Un système doit avoir un but. Sans but, il n’y a pas de système.
Un système doit être dirigé. »
W. Edwards Deming (Du nouveau en économie, page 41)
Si on peut percevoir chaque institution financière comme un système - mais la direction en place exerce-t-telle toujours ses responsabilités de direction? , l'ensemble étendu à tous les opérateurs financiers ne semble pas avoir un même but et encore moins un organe directeur. Je n'ai pas entendu grand chose qui aille dans ce sens dans les propos et décisions des dirigeants politiques qui essaient de parer à l'urgence sans chercher à reprendre la main qu'ils ont perdu en acceptant de troquer leurs régulations nationales contre une ouverture aux places financières internationales sans aucune (ou presque) régulation.

On pourrait considérer que le "système financier" a un but : maximiser les profits, et qu'il est en cela dirigé par une quelconque "main invisible".

Mais en cela, il y a confusion entre le but et les moyens : les profits ne devraient être qu'un moyen de mieux développer les entreprises qui en valent le coup (par exemple celles qui ont une politique citoyenne, ou en faveur de l'environnement, ou qui innovent de manière importante et ont donc des besoins en recherche, ou celles qui adoptent la philosophie de Deming, ...).

Transformer le "moyen" en "but" a abouti au désastre actuel (dont la crise financière n'est qu'une partie) : désindustrialisation de l'Occident pour délocaliser en pays low cost, détruire des emplois pour faire monter le cours de la bourse, profiter des mannes de l'Etat à court terme et faire ses valises dès que les financements disparaissent, etc.

Donc d'accord avec Chanel : le système financier devrait avoir un but et être dirigé. Ce qui serait réellement révolutionnaire. Et donc ne pourra être envisagé que si la crise actuelle est suffisamment grave...

Oui, Ficare, le système financier américain a un but clairement défini: maximiser les profits. Mais son incapacité à raisonner "système" a produit son effondrement. Le but était mauvais moralement et la méthode était mauvaise techniquement. Tout faux !

J'ai mis en ligne un pamphlet "La culture du résultat". Vous y trouverez au chapitre huit l'histoire savoureuse de la banqueroute de LTCM en 1998. Elle n'a pas servi de leçon aux créateurs des subprimes.

Avec un petit lien :

http://fr-deming.org/CultResultat.pdf

Bonne lecture !